Du livre à l'archive: La socialisation politique d'un jeune nationaliste
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Ahmed Benkirane est né en 1927 à Marrakech. Fils ainé d'une grande famille commerçant, son père Haj Mokhtar et sa mère Lalla Malika eurent 6 enfants entre 1925 et 1942: Chama, Ahmed, Brahim, Zohor, Abdeljalil et Naima.
En 1937, Ahmed et son frère Brahim furent les premiers enfants de Marrakech à fréquenter l'Institution Guessous, la prestigieuse école libre fondée par le militant nationaliste Ahmed Balafrej quelques ans auparavant. Ils retournèrent à Marrakech au déclenchement de la deuxième guerre mondiale, et continuèrent leur formation au Collège Sidi Mohammed de Marrakech.
Les documents ci-après permettent de découvrir des moments quotidiens de cette première phase de sa formation, ainsi que de la vie de sa famille d'origine.
Photos de famille, Marrakech années 1920-40
Abbas Bennani et Aouad à l'Institution Guessous
Après avoir fréquenté en 1946 l'Ecole industrielle et commerciale (INDUS) de Casablanca, Ahmed Benkirane s'installa à Paris pour continuer ses études, où de 1947 à 1951 il fréquenta l'Ecole supérieure de Commerce de Paris (ESCP), à l'époque "Sup de Co".
Benkirane considère la période des études universitaires à Paris comme la période la plus importante pour sa socialisation politique. Le mouvement national était à cette période très actif dans l'encadrement des étudiants marocains à l'étranger, notamment à travers le Foyer de la rue Serpente. Le restaurant des étudiants nord-africains, au 115 bd Saint Michel, était un autre lieu de rencontre important pour la politisation des jeunes marocains, qui leur permettait de rentrer en contact avec les nationalistes maghrébins de la meme génération.
La découverte d'autres idéologies que le nationalisme et des enjeux politiques qui allaient au delà du conflit colonial furent tout aussi importantes dans la formation politique des militants de sa génération, tout aussi comme la fréquentation des avant-gardes intellectuelles et artistiques, et l'expérience des voyages en auto-stop et en train tout au long de l'Europe.
ESCP, photo de classe 1948-49
Ahmed Benkirane à Paris vers 1950
Faire retour à Marrakech en 1951 après ces expériences fut pour Ahmed Benkirane assez dépaysant. Tout en continuant à fréquenter ses anciens camarades de Paris, dont plusieurs étaient liés au Parti communiste marocain, il rentra en ce moment en relation avec plusieurs militants de sa génération qui fréquentaient la Madrasa Ben Youssef, dont Moulay Abdeslam Jebli, qui constituaient le noyau de la jeunesse nationaliste de Marrakech. D'autres de ses fréquentations de l'époque attirèrent la suspicion des autorités, à l'instar de celle avec l'algérien Mohamed Zaki Belkaid et avec le vice-consul américain Kenneth Pendar.
Quelques mois après son retour, les autorités signifièrent à Benkirane son interdiction de séjour de Marrakech, du fait de ces fréquentations et de ses activités politiques.
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